Tissé de nombreux éléments autobiographiques, l’oeuvre de Louise Bourgeois témoigne d’un corps à corps entre le souvenir et la mémoire qui oscille, s’étiole, se distend. La sculptrice, qui disait "la peinture n’existe pas pour moi", a néanmoins toujours été fortement atachée à l’image gravée ou dessinée. Elle consignait dans ses journaux intimes les idées visuelles qui lui apparaissaient et qu’elle attrapait "comme des mouches en plein vol", selon ses propres mots.
Comme ses sculptures aux matières informes et organiques, son oeuvre gravé explore l’ambiguïté des formes de ses souvenirs fantasmés. Ainsi, Louise Bourgeois collecte, dépèce, déconstruit, modèle et assemble. Ce jeu fait d’allers et retours, propice à l’activité du graveur, se retrouve nottamment dans la "Sainte Sébastienne", relecture féminine de la figure du célèbre martyr transpercé de flèches. En 1990, Bourgeois en a commencé la première version et reviendra dessus plusieurs fois en recadrant l’image, utilisant même la photocopie pour développer sa composition et/ou à la transférer sur la plaque de cuivre.
Née en France en 1911 et décédée en 2010, Louise Bourgeois est une des artistes majeures de la seconde moitié du XXe siècle et du début du XXIe. Découverte tardivement, son oeuvre, qui échappe à toute classification artistique a fait l’objet de grandes expositions et rétrospectives à travers le monde ces 30 dernières années. Son oeuvre a été présenté pour la première fois en France en 1985, par la galerie Lelong.
La Galerie Lelong & Co. a publié en 2000 un volume d’écrits et entretiens de Louise Bourgeois sous le titre : "Destruction du père / Reconstruction du père".